Expériences de mort imminente : "il ne faut pas mélanger avec le new age ou l’ésotérisme"assure Sonia Barkallah

Sonia Barkallah, réalisatrice d'un docu-fiction troublant sur les expériences de mort imminente, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Parmi les millions de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente (4% de la population mondiale), les témoins de ce docu-fiction rapportent des faits déconcertants tels qu’un détachement corporel et des perceptions extrasensorielles, confirmés par des proches et par le monde médical.
Sonia Barkallah plonge le spectateur au cœur de ce film construit à l'image d'une enquête policière, avec des arguments et des contre-arguments, à travers des témoignages inédits, émouvants, au-delà des frontières, qui déstabilisent les spécialistes du cerveau, du coma et de la conscience.
"Aujourd’hui, deux hypothèses coexistent : la conscience pourrait fonctionner indépendamment du cerveau, ou bien il s’agit d’une hallucination. Mais aucune des deux hypothèses n’est validée."
Après une avant première à Chicago au coeur de l'été, une projection est prévue à Lyon vendredi 26 septembre à 20h à l'UGC-Ciné Cité Internationale, avant la sortie nationale le 6novembre. La séance sera suivie d'un débat avec la réalisatrice.
Témoins, billetterie pour la séance à Lyon du 26 septembre.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Sonia BarkallahBonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Sonia Barkallah, bonjour. Sonia Barkallah, vous êtes réalisatrice d'un nouveau film sur les expériences de mort imminente, sur lesquelles vous enquêtez depuis plus d'une vingtaine d'années. Ce film s'appelle Témoins. Il s'agit d'un docu-fiction construit à l'image d'une enquête policière avec des arguments et des contre-arguments. Vous avez interrogé et recueilli de nombreux témoignages de personnes qui ont vécu des EMI, des expériences de mort imminente, mais aussi des soignants, des chercheurs, des neuroscientifiques. Ma première question est toute simple : pourquoi avez-vous enquêté sur les expériences de mort imminente ?
Tout simplement parce que cela représente environ trois millions de personnes en France qui ont vécu ces expériences. Ce n’est pas anodin. Il y a des millions de personnes à travers le monde qui ont vécu cette expérience, et la science aujourd’hui n’a pas de réponse. L’idée, c’est de relancer le débat avec des témoignages très forts, poignants, perturbants.
C'est perturbant, c'est exactement le mot.
Exactement, parce que nous avons des personnes capables de décrire ce qui se passe dans d'autres pièces alors qu'elles sont déclarées cliniquement mortes. Elles peuvent pourtant décrire des événements.
Je crois qu’en 2006 vous avez organisé un premier colloque international sur le sujet, ce qui a été un peu le point de départ. Finalement, dans la communauté scientifique, certains pensent qu’il y a réellement une décorporation et des perceptions extrasensorielles, et d’autres expliquent cela autrement. Aujourd’hui, où en est la communauté scientifique sur le sujet ?
Il y a un peu plus d’intérêt à explorer le phénomène. Des études sont réalisées un peu partout dans le monde. En Belgique, par exemple, un laboratoire très actif publie régulièrement sur le sujet. Il n’y a pas encore d’explication définitive, c’est toujours un grand point d’interrogation, mais on avance.
Votre docu-fiction Témoin va être diffusé à Lyon le 26 septembre, puis dans toute la France avec une vingtaine de dates. Pourquoi l’avoir intitulé Témoin ?
Parce qu’on parle de témoignages corroborés, c’est-à-dire que du personnel soignant confirme les perceptions de leurs patients. C’est le cas, et ce n’était pas habituel dans ce domaine.
Quand on parle d’EMI, on pense toujours au tunnel, à la lumière. Mais si vous pouviez donner un ou deux exemples précis d’expériences racontées par des témoins, qu’ont-ils vu ?
Il y a des témoignages d’aveugles de naissance, de sourds-muets, ou encore un cas très troublant : un patient déclaré cliniquement mort a pu entendre la conversation d’une infirmière avec sa mère biologique. Cela a été très troublant.
Cela peut être expliqué ?
Non, il n’y a pas d’explication. Aujourd’hui, deux hypothèses coexistent : la conscience pourrait fonctionner indépendamment du cerveau, ou bien il s’agit d’une hallucination. Mais aucune des deux hypothèses n’est validée.
Finalement, quel est l’objectif de ce film et quel message souhaitez-vous transmettre ?
Le docu-fiction permet de rendre les témoignages plus vivants, plus immersifs. Ces récits très forts peuvent aider à surmonter le deuil d’un proche, à se questionner sur la mort, sur la peur de la mort. L’objectif est de relancer le débat. C’est un film objectif, sans parti pris.
Il y a des arguments et des contre-arguments ?
Exactement. Je ne défends jamais une hypothèse plutôt qu’une autre. C’est au spectateur de se faire sa propre idée.
Quand vous parlez de relancer le débat, cela signifie qu’il existe déjà ?
Oui, c’est toujours le même débat, mais il est aujourd’hui un peu plus ouvert. Certains affirment : « Ce sont des hallucinations, c’est sûr », mais d’autres sont plus nuancés.
Dans ce film, des personnes témoignent. Mais beaucoup ne le font pas, de peur de ne pas être crues.
Exactement. Beaucoup craignent d’être pris pour des illuminés, traités comme des fous. C’est assez classique.
Pourquoi, selon vous, ce sujet n’est-il pas davantage pris au sérieux, mis à part en Belgique où une équipe pluridisciplinaire travaille dessus ?
À cause des préjugés. C’est la même raison pour laquelle certains cinémas ne programment pas le film. Il y a des amalgames. Or, les expériences de mort imminente font aujourd’hui l’objet d’études cliniques, de thèses de médecine, de mémoires infirmiers. C’est un sujet sérieux, qu’il ne faut pas mélanger avec le new age ou l’ésotérisme.
Vous faites bien de le préciser. Dernière question : pourquoi avoir choisi le cinéma plutôt que la télévision ?
Pour la liberté. La liberté de ne pas être contraint par une durée imposée, et aussi celle d’organiser un débat après la projection, ce qui n’existe plus à la télévision.
Le 26 septembre, il y aura justement un débat à l’UGC International. On peut d’ores et déjà réserver nos places. Je vous le conseille, car j’ai vu votre docu-fiction qui est troublant et fascinant. C’est donc le 26 septembre, au cinéma UGC International, suivi d’un débat. Cela vaut vraiment le coup. Vous trouverez plus d’informations sur Lyon Capitale. Merci beaucoup Sonia Barcala d’être venue présenter votre docu-fiction Témoin. À très bientôt, au revoir.
Lyon Capitale